Cette citation, attribuée à Gandhi, est très connue.
Et comme souvent, elle est très connue … mais peu comprise et pas du tout intégrée.
Au demeurant comme la plupart des grandes citations de grands hommes !
Cette citation repose en réalité sur des concepts psychologiques bien connus, et qui sont aussi souvent négatifs que positifs.
En effet, « montrer l’exemple », au début ne présente d’intérêt pour les autres que « si ça marche ».
Mais même si « ça ne marche pas » le biais de masse ou biais de conformité, nous amène à nous conformer peu à peu à ce que la majorité fait (ou croit, ou pense, ou dit) Et plus la masse est importante, plus l’effort à faire pour y résister devient important. Car la pression sociale commence à se manifester.
Présenté de cette façon, évidemment cela nous semble négatif. Pourtant, nous pouvons l’utiliser à des fins positives, lorsque – de toute évidence – l’inertie de la masse dessert celle-ci.
La crise sanitaire du Covid 19 est devenue pour moi un extraordinaire sujet d’observation de nos comportements et de nos pensées … Et ceci d’un point de vue sociologique, psycho sociologique … et statistique.
A ce titre et par exemple, en février 2020, il pouvait sembler ridicule et non pertinent de porter un masque chirurgical, ce qui a probablement freiné nombre d’entre nous d’en porter.
Au printemps les choses ont un peu changé, et la proportion de masques divers dans le public a largement augmenté. Le nombre de masques a augmenté, et c’est bien davantage ce mouvement que les explications rationnelles, qui a provoqué l’augmentation de port d’un masque.
Cette augmentation nous a incité à penser - ne fut-ce qu'un peu - que si tant d’autres le font, c’était peut-être qu’il y avait quand même peut-être une bonne raison, et que c'était peut-être nous qui étions dans l'erreur.
Un trappeur s’était installé sur une colline, et craignait la venue de l’hiver. Il se mis donc à couper du bois. Peu après, se demandant s’il en avait coupé suffisamment il repéra au loin un petit village indien qui préparait également du bois. Voyant que ceux-ci en avaient coupé plus que lui, il se remit au travail. Le lendemain, il constata qu’ils en avaient à nouveau coupé davantage. Il en coupa alors à nouveau une bonne quantité. Et ceci, de jours en jours, durant 3 semaines.
Puis, il partit chasser, et au bout de trois jours de marche, arriva dans un énorme village indien, dont la provision de bois était colossale. Il leur demanda « comment diable faites-vous, vous les indiens, pour prévoir ainsi la rudesse de l’hiver ? » Le chef lui répondit « Ho, nous nous sommes fiés à un autre village qui nous a dit que l’hiver serait particulièrement rude et avait fait de grosses provisions de bois ». Il se rendit donc à cet autre village et posa la même question. Et on lui répondit « Ce sont les habitants de ce village, de l’autre côté de la colline qui en font de grosses provisions parce que que l’hiver sera très rude." Il se rendit dans cet autre village et posa la question, et on lui répondit que c’étaient les habitants d’un petit village de l’autre côté de la colline qui leur avaient donné l’information. Il s’y rendit, et reconnut le petit village qu’il apercevait depuis sa cabane, et leur posa la question. Et le chef lui répondit « C’est parce qu’il y a un blanc, là-haut sur la colline, qui coupe chaque jour de plus en plus de bois, l’hiver sera donc probablement très rude. »
Quand tout le monde coupe du bois, il devient difficile d'être le seul à croire qu'il ne fera pas froid.
Parfois c'est erroné, parfois c'est pertinent. Mais avoir trop de bois s'avère rarement problématique, alors que l'inverse l'est. Cà, cela relève du raisonnement.
Et - outre ce biais de conformité - nous basculons aisément dans celui de confirmation, qui consiste à ne plus voir que les facteurs qui valident nos choix, en les considérant comme des "preuves" ... et en zappant complètement tout élément qui viendrait invalider nos raisonnements et comportements.
La pratique de la pleine conscience nous aide - et nous entraîne - à repérer les biais cognitifs dans lesquels nous nous engageons, et qui formatent nos "raisonnements" bien davantage que la raison, mais qui peuvent par ailleurs souvent se révéler plus efficaces que l'expression de la raison , quand ils sont utilisés au service de celle-ci.