Dès que nous nous engageons dans la plainte et la désolation, nous nous coupons de la possibilité de voir une opportunité dans la « crise » que nous vivons. Il n’y a plus de place pour la créativité ni pour la paix, il n’en reste que pour le combat, la révolte et la souffrance.

Nous nous désolons ainsi de ne pas faire parfaitement une chose, ce qui nous empêche de voir ce que nous pourrions obtenir de cette imperfection. Tant chez nous que chez l’autre.

Non pas que le combat soit toujours une mauvaise chose, mais le plus souvent c’est son inutilité ou son inadéquation qui est mauvaise.  Dans ce cas, même la victoire est stérile.

Un vieil homme allait, depuis des années, chaque jour à la rivière chercher de l’eau dans deux jarres pendues au bout d’un bâton qu’il portait sur ses deux épaules.

L’une des jarres avait une fuite, et n’était plus qu’à moitié pleine lorsque le vieil homme arrivait chez lui.

Cette jarre fit alors part au vieil homme de sa honte et de sa culpabilité de ne pas remplir correctement sa fonction. L’autre jarre étant quant à elle très fière de ses performances.

Le vieil homme lui répondit alors : « n’as-tu pas remarqué comme les fleurs sont belles, de ton côté du chemin du retour ? J’y ai semé des graines, afin que tu les arroses. Ce que je n’aurais pas eu la possibilité, ou la patience, de faire autrement, alors que j’ai amplement assez d’eau avec une jarre et demi »

Ce conte illustre à loisir le fait que nos craintes, nos préjugés, nos valeurs morales sont autant de biais qui altèrent notre lucidité.

La lucidité n’est pas la conscience, elle est sa sœur cadette. Elle est la « petite dernière » que sa grande sœur La conscience aide à s’épanouir. La conscience nous amène à voir qu’une chose est là. La lucidité nous amène à savoir de quoi il s’agit et ce qui est le plus sage à en faire … ou pas.