Ego, humilité et modestie, ces trois mots sont souvent galvaudés et détournés de leur sens... pour devenir de véritables poisons de manipulation.

L’ego (« moi » en latin)  – c.a.d. ce que je pense de moi – est assez fondamental, car il ne s’agit ni plus ni moins que d’une opinion de soi-même. Ce qui signifie que cette opinion n’est rien d’autre … qu’une opinion !

Et – comme toute opinion – elle est plus ou moins bien documentée, plus ou moins bien fondée, plus ou moins bien raisonnée, et plus ou moins légitime … le spectre est large 😊 

L’humilité est quant à elle, la conscience que cette opinion est donc forcément sujette à caution … et possiblement contestable par les autres.

Matthieu Ricard dit que  l’humilité ne consiste pas à se mésestimer, mais à être suffisamment détaché de l’importance de soi. En d’autres termes, prendre soin de soi sans être dépendant - et souffrir - de l’opinion qu’on a de soi-même.

Et je le rejoins largement sur cette vision de l’humilité.

La modestie est – quant à elle – la manière dont nous allons incarner en société cette humilité. Et cette incarnation peut relever de la comédie, voire du mensonge. On parlera alors de « fausse modestie ».

Dans nos sociétés humaines , l’ego biaisé, ( donc la perception erronée de soi-même) est un piège dangereux, car il génère souvent un désir illégitime de pouvoir, souvent fondé sur le sentiment de ne pas être suffisamment reconnu. La politique devient alors une stratégie de réparation de l’ego. Et ceci, quel que soit le milieu où elle s’exerce, aussi bien dans le « monde politique » que dans une fédération sportive, les milieux associatifs ou une unité de scouts … ou même une famille.

Se posent alors des problèmes de légitimité de l’exercice d’un pouvoir …

Lorsqu’une discipline nous amène à avoir une perception lucide de qui nous sommes, l’ego est apaisé et peut se tourner vers une bienveillance modeste qui traduit une humilité authentique.

Le Zen et la mindfulness sont des propositions allant dans ce sens.